• 4 février 2020
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Certainty-Based Marking : le niveau de confiance comme indicateur d’évaluation

Loïc Le Gac

La plupart des formations digitales se terminent par un ensemble de quizzs. Il s’agit même d’une condition pour qu’elles puissent être prises en charge par les organismes de financement. Pourtant cette modalité d’évaluation est-elle réellement pertinente ?

Que mesure-t-on ? Ce type d’évaluation va-t-il permettre de détecter les problèmes de formation, d’identifier les personnes qui vont en mettre en oeuvre le contenu ? On peut en douter et des chercheurs anglais ont mis en évidence l’intérêt de mesurer la confiance de l’apprenant dans ses connaissances et ses réponses.


Le QCM est obsolète

Deviner par chance ne veut pas dire savoir. Dans le cadre d’un QCM, notamment dans un module e-learning, l’apprenant est obligé de répondre. “Le pifomètre” peut s’avérer heureux, mais il ne prouve en aucun cas l’apprentissage de l’élève. De plus, la “réussite” du QCM est parfois suffisante pour passer à un nouveau domaine d’apprentissage alors qu’en réalité, le précédent n’est ni compris, ni maîtrisé.


La certitude comme indicateur

Le “Certainty-Based Marking” (CBM) défendu par Tony Gardner-Medwin, de l’Université de Birmingham, est une forme d’évaluation consciente qui propose une mesure plus effective de la connaissance. Le principe est simple : lorsque l’apprenant renseigne une réponse, il indique également son degré de certitude. De ce fait, ce système laisse la place à l’erreur qui, assumée, ne pénalise pas. Plus on est certain de sa réponse, plus on est pénalisé si elle est fausse. A l’inverse, la reconnaissance de l’incertitude est comme récompensée par le non-retrait de point. Par le biais de ce système de barème, l’apprenant peut alors faire transparaître son niveau de compréhension et d’apprentissage. Une idée fausse confiante est pire qu’une ignorance reconnue. Le “Certainty-Based Marking” met en évidence les idées fausses ou mal interprétées ancrées dans le conscient de l’apprenant. 


Auto-évaluation et réflexion

Ce processus présente d’autres avantages. La quantification de sa certitude et de ses doutes pousse à la réflexion et à la justification : ai-je réellement compris ? Pourquoi suis-je dans le doute ? Que me manque t-il pour répondre avec certitude ? Selon Tony Gardner, ce questionnement introspectif augmenterait la rétention de l’information à long terme. Une fois les bonnes réponses diffusées, le CBM peut être utilisé comme un outil d’auto-évaluation puissant, qui bouscule l’apprenant dans ses convictions et ses représentations quant au sujet abordé. 


Le CBM dans nos plateformes LMS

A ce jour, le Certainty-Based Marking se trouve être très timide et n’apparaît pas dans les potentialités des plateformes LMS et LCMS les plus répandues en France. Mais cela ne saurait tarder. Wranx, un LMS britannique, propose depuis 2017 une fonctionnalité de création d’exercices accompagnés d’une échelle de certitude à renseigner. Moodle offre également un plugin à intégrer à la plateforme, nécessitant quelques paramétrages techniques pour obtenir les fonctionnalités de CBM. Evidemment, les logiciels auteurs comme Storyline ou Captivate permettent, moyennant un peu d’expérience et de dextérité, de jouer sur les variables afin de quantifier les réponses selon un barème CBM. L’idéal reste bien évidemment de disposer d’un outil intuitif et facile d’accès pour créer ce type d’évaluation dans nos LMS les plus communément utilisés.


Un réel indicateur pour le formateur et le concepteur

Outil d’auto-évaluation et d’évaluation sommative, le CBM s’avère être d’autant plus un moyen de mesure de la qualité pédagogique du dispositif et du contenu de formation. En analysant les données fournies par le CBM, le formateur ou le concepteur, peut prendre conscience de la fiabilité, de l’efficience et de la qualité pédagogique de son contenu de formation. Il pourra alors réagir en conséquence, pour réajuster et casser les incompréhensions voire les idées fausses.

Mais là où la confiance dans ses réponses et sa mesure portent en germe une révision de nos approches c’est quand on se penche sur la question du passage à l’acte. Les chercheurs de Birmingham ont montré que si on retient la population qui répond correctement à un ensemble de quizs et qui a en plus confiance dans ses réponses, celle-ci correspond à l’ensemble des personnes qui mettent en oeuvre ce qu’elles ont appris.

Pour changer suite à une formation, il faut être sûr d’avoir compris.

Utiliser la certitude comme indicateur d’évaluation est, pour sûr, pertinent et permet d’apporter des degrés d’analyse plus fins. Mais sortons du cadre de l’évaluation de l’apprentissage.

Alors, cet indicateur représente t-il une plus-value dans le cadre de l’évaluation d’un dispositif de formation ?

  • Réponse A : Oui
  • Réponse B : Non

Quel est votre degré de certitude ? / Etes-vous sûr(e) ?


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