• 22 février 2018
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3 questions à Delphine Lalire, MOOC Program Manager pour IMT

Loïc Le Gac

Dans le cadre de son ambitieux programme de « numérisation des enseignements », l’Institut Mines-Télécom a constitué une collection d’une trentaine de MOOC, réalisés par les enseignants-chercheurs de ses écoles depuis 5 ans. Cette journée d’ateliers collaboratifs a permis aux enseignants-chercheurs d’avancer sur leurs projets de MOOC. Cible, objectif, concepts clés, toutes les questions à se poser avant de se lancer dans la réalisation d’un parcours de formation digitale ont été abordées.

L'Institut Mines-Télécom est un des leader français en matière de création de MOOC.

Quelle place occupe le digital learning dans votre activité aujourd’hui ?

L’Institut Mines-Télécom est parmi les leaders français en matière de création de MOOC. L’initiative a été portée par des enseignants pionniers, créateurs dès 2013 du 1er MOOC français « Itypa, Internet tout y est pour apprendre ». Aujourd’hui, avec une trentaine de MOOC diffusés sur les 3 grandes plateformes d’audience internationale (www.fun-mooc.fr, www.edx.org, www.coursera.org), l’IMT élargit et organise son offre éditoriale, et affiche des objectifs stratégiques ambitieux.
Notamment :

  • qu’à l’horizon 2022, 10% des enseignements de nos écoles s’appuient sur notre catalogue de MOOC (contre un peu plus de 1% aujourd’hui) ;
  • créer des parcours numériques certifiants, voire diplômants ;
  • proposer l’hybridation des MOOC avec les formations présentielles et du tutorat pour déployer une offre de formation continue. C’est par exemple déjà le cas avec notre parcours « La fabrication numérique » lancé en mai 2017 (https://www.imt.fr/mooc-fabrication-numerique/).

Nous utilisons peu la terminologie « digital learning » en interne, mais les ressources numériques (dont les MOOC) s’inscrivent dans une stratégie plus globale d’encouragement à l’innovation pédagogique, et de transformations éducatives.

Quelle règle de répartition adopter entre formation traditionnelle et formation digitale ?

Il semble difficile – voire délicat – de poser des règles à ce stade. Après une phase d’expérimentation, nous amorçons désormais le passage à l’échelle, et c’est l’ambition affichée dans la stratégie 2018-2022 de l’Institut.
Aujourd’hui, ce sont un peu de plus de 1% de nos enseignements qui sont dispensés sous forme de MOOC, le plus souvent en classe inversée.
En formation continue, ce sont des modèles de tutorat ou d’hybridation qui sont proposés en fonction des besoins du client.

Quelles sont les clés pour une formation numérique réussie ?

Au risque d’énoncer des évidences :

  • la définition du public cible et des objectifs d’apprentissage,
  • la scénarisation du dispositif,
  • l’accompagnement, tant des enseignants que des apprenants.

Une formation numérique doit s’adresser à un public cible identifié, et répondre à des cas d’usage. On ne peut raisonnablement pas proposer les mêmes ressources à un public d’étudiants pour qui l’évaluation est obligatoire, en même temps qu’à un public déjà diplômé qui cherche à rafraîchir des connaissances ou en acquérir de nouvelles, ou à des professionnels qui se forment dans le cadre de leur poste ou de leur progression de carrière.Il faut identifier son cœur de cible, et décliner la scénarisation pédagogique en fonction de ses objectifs d’apprentissage.

Tout au long de cette démarche, le support en ingénierie pédagogique est également une clé de la réussite du dispositif : il est nécessaire d’accompagner les enseignants-chercheurs dans ce changement de posture vis-à-vis d’un public souvent beaucoup plus vaste et hétérogène que celui auquel ils sont habitués dans les cours en présentiel. Il s’agit dans une certaine mesure d’un accompagnement au changement, et nous utilisons d’ailleurs aussi des méthodes de créativité pour ce faire.

On peut bien sûr avoir l’ambition de toucher un vaste public (ou « massif »), mais l’adéquation des ressources aux objectifs du public cible est déterminante pour l’engagement des apprenants, et donc la complétion. L’accompagnement des apprenants et l’animation du dispositif sont aussi des éléments clés de l’engagement, et nous encourageons les enseignants à en tenir compte dès la phase de conception. Un profil d’« assistant pédagogique » en soutien de l’équipe enseignante pourra par exemple répondre à certaines questions des apprenants, envoyer des mails ciblés en fonction de la progression, de l’assiduité, contribuer à préparer et animer des sessions live pour rassembler la communauté…

Par ailleurs, la réussite se mesure dans le temps : un dispositif de formation numérique peut évoluer, on peut y ajouter des briques, revoir les objectifs en fonction de l’alignement des compétences (celles que l’apprenant estimait avoir « avant », et celle qu’il estime avoir acquises « pendant »), mettre à jour pour tenir compte d’une actualité « chaude »…


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