• 5 mai 2017
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Le blended learning : le nouveau graal de la formation digitale ?

Loïc Le Gac

Nombreux sont les articles, les tables-rondes, bref, les professionnels du secteur de la formation qui vantent les mérites du blended learning. Cette modalité de formation professionnelle serait le nouveau Graal et la meilleure façon de digitaliser ses formations. Faut-il prendre ces affirmations comme des vérités établies ?


Que disent les chiffres ?

Le blended learning a manifestement les faveurs des acteurs de la formation professionnelle. Dans une étude parue en 2016 et portant sur la période 2015-2016, la CEGOS apporte des éléments chiffrés :

  • les MOOC, COOC et SPOC sont passés de 18 à 25 % des formations dispensées,
  • le blended learning est, lui, passé de 26 à 35 %,
  • pendant ce temps le elearning classique passait, lui, de 32 à 37%.

Il semble donc que la formation mixte se développe plus vite que le « pur » digital learning alors que la formation elearning est en train de marquer le pas. Voici un premier élément de réponse.

Ceci dit ce n’est pas parce que tout le monde a tendance à adopter une modalité que celle-ci est la meilleure, surtout dans une période de forte innovation.

Qu’en est-il de la satisfaction des apprenants ? Selon la même étude :

  • leur niveau de satisfaction le plus élevé reste celui des formés ayant assisté à une session classique en salle (95 % de satisfaction),
  • l’ensemble des modalités digitales affichent pour leur part une satisfaction moindre avec 89 %,
  • et la formation blended ? Elle confirme sa position de juste compromis avec un taux de 92 %.

Les choses semblent donc se confirmer : la formation blended learning serait la modalité en pointe qui permet un bon compromis entre satisfaction des salariés et digitalisation. Un grand bémol, cependant. Le taux de 89 % englobe l’ensemble des modalités digitales, y compris la formation elearning traditionnelle. Il faudrait pour se faire une opinion précise disposer d’une mesure à part de la satisfaction des salariés ayant suivi un SPOC ou un COOC. En effet les MOOC doivent être regardés à part car ils sont au départ destinés au grand public et fabriqués par des universités.


Blended learning, qu’est ce que c’est ?

Mais revenons tout d’abord aux fondamentaux : de quoi parlons-nous exactement ?

La définition du blended learning : cela consiste à mélanger, dans un même parcours de formation, des modalités distance, numériques, et des sessions de formation en salle classiques.
Il s’agit d’essayer de conjuguer les avantages supposés de chacune des modalités. La formation à distance permet de former un grand nombre de personnes pour un coût plus faible que les formations classiques.

Elle offre la souplesse de s’adapter aux contraintes de chacun :
– contrainte de temps, je me forme quand je veux
– contrainte de niveau, j’apprends à mon rythme

  • En introduisant dans un parcours de formation une dose de digital, la formation blended permet en outre de faire des économies. On diminue le nombre de jours de formation en salle, jours qui génèrent de nombreux coûts : frais logistiques, coût d’immobilisation des salariés, frais de déplacement, coût du formateur ; et qui se renouvellent à chaque nouvelle session organisée.
  • Il permet également d’optimiser l’efficacité pédagogique en mettant en pratique la « classe inversée ». Pendant la partie digitale de la formation les salariés acquièrent à leur rythme les contenus théoriques et identifient les points qui leur semblent difficiles. Une fois en salle ils profitent à plein de la présence du formateur pour travailler la mise en pratique et revenir sur ce qui a posé problème. Le formateur devient ainsi un coach et un tuteur.
    Voilà donc le compromis idéal : j’introduis du digital mais pas trop, je fais des économies et j’optimise ma pédagogie. Mais regardons-y d’un peu plus près. Et si les choses étaient un peu plus compliquées qu’elles n’en ont l’air ?

Une façon schématique de voir les choses

Tout le raisonnement part du fait de considérer les différentes modalités de formation comme des blocs figés et définis une fois pour toutes. D’un côté il y aurait les modalités digitales dépourvues d’interaction et de l’autre la formation en salle dépourvue d’usages numériques. La réalité est toute autre et ne cesse de se transformer.

Du côté des formations digitales, les MOOC, les COOC et les SPOC ont amené une grande nouveauté par rapport à la formation elearning classique : le social learning. Le public en formation n’est plus un réceptacle passif face à des contenus mis en ligne, il est amené à réagir et à interagir. Il peut échanger des bonnes pratiques, des conseils, des solutions avec les autres apprenants grâce à des forums, la correction entre les pairs, les activités collaboratives, les classes virtuelles. Il peut interagir avec les auteurs des contenus en postant des questions, en bénéficiant d’un tutorat à distance, ou par l’intermédiaire de webinaires.

De la même manière, en salle, le digital a fait son entrée. Il permet de faire réagir le groupe avec les outils du numérique, d’organiser des jeux, des sondages… Force est de le constater : le digital est partout et sa part est grandissante. L’humain reste fortement présent et est une condition de succès du numérique.

Difficile donc d’opposer les deux de manière schématique. De plus la réalité est également nuancée du côté de l’évaluation. Le digital permet un suivi précis des progrès des apprenants, difficile à obtenir dans le cas de la formation classique. De plus en plus se pose la question de pouvoir utiliser le numérique pour évaluer de manière aussi fine ce qui se passe en salle et après la formation. Impossible donc de porter un jugement catégorique en terme de satisfaction et surtout d’efficacité.


Une bonne dose de bon sens et de pragmatisme

En recourant au digital learning, on perd d’un coup toute une série d’avantages de la digitalisation. Comme au final on organisera des sessions en présentiel, il est toujours aussi difficile de s’adresser à un grand nombre. On garde également la complexité de faire évoluer dynamiquement les contenus de formation. Enfin on limite l’économie réalisée avec le passage au digital.

Cela ne veut pas dire que le tout digital soit la panacée. Cela signifie simplement qu’avant de raisonner en décrétant que telle ou telle modalité est idéale, il faut surtout commencer par réfléchir aux objectifs que l’on poursuit. Si l’on a affaire à des problématiques de conduite du changement, de savoir-être mêlé à du savoir-faire, le passage par une interaction réelle et directe avec un formateur s’impose et le blended learning est certainement la bonne réponse. Si on cherche à faire passer de nouveaux savoirs, le digital peut être une modalité autonome.

Au final la modalité de formation idéale est celle qui répond aux objectifs que l’on poursuit en intégrant, en utilisant de manière pertinente tous les outils, numériques ou non, de formation que l’on a à sa disposition et en les séquençant de manière intelligente.


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