Dans le domaine de la formation, on parle souvent de tendances, de modes, de l’outil miraculeux qui répondra à toutes les problématiques, à en oublier parfois la question centrale qui reste avant tout celle de la pédagogie et à laquelle aucun outil ne pourra répondre à notre place. Ainsi, il ne s’agit pas de parler de tendances mais plutôt de nouveaux enjeux. Retour sur notre intervention pendant le salon Solutions Ressources Humaines le 21 mars dernier.
Comment attirer l’apprenant vers la formation ?
L’un des principaux enjeux de la formation aujourd’hui est de proposer aux apprenants une véritable expérience d’apprentissage qui soit porteuse de sens et qui favorise le passage à l’action.
Il s’agit de passer de la simple réponse à une obligation de former à une ambition plus vaste : construire des formations qui ont un impact réel sur les compétences des salariés.
Il est donc essentiel de savoir engager les collaborateurs, de donner envie, de séduire. Même si la formation est obligatoire, cela ne dispense pas d’engager. Sans cela, la formation est vouée à l’échec. On n’oblige pas quelqu’un à apprendre.
Comment vérifier que la formation a été efficace ?
Bien entendu, engager n’est qu’une condition nécessaire et non suffisante. Il faut aussi se poser la question de l’après-formation. Quel impact a-t-elle eu ? Est-elle efficace ?
On peut délivrer de nombreuses formations réglementaires pour répondre à des normes mais ces formations sont sans utilité si elles ne se traduisent pas par des actes, par une modification des comportements.
Pour cela, des techniques, des méthodes et des outils sont à notre disposition pour tenter de mesurer l’efficacité d’une formation. Force est de constater que les LMS ne les implémentent pas encore.
Qui sont les interlocuteurs et les acteurs de la formation?
De manière classique, former est une logique descendante : on part du plan de formation pour aller vers l’apprenant. Le cas échéant, on s’appuie sur le manager du collaborateur comme moteur et tuteur.
C’est un véritable changement de paradigme qui est en cours. De plus en plus, le besoin, la demande de formation viendra du collaborateur lui-même. Le rôle du manager sera d’accompagner la mise en oeuvre, tandis que le service de formation deviendra un médiateur entre la demande et l’offre.
Inévitablement cela met au premier plan la question du marketing de la formation. Il faut donc commencer à penser communication, marketing et attractivité.
Adaptive learning : la fin de l’humain ?
La réalité virtuelle et l’adaptive learning s’invitent régulièrement dans les discussions autour de la formation de demain. Ils pourraient véritablement impacter notre manière de travailler et surtout notre manière de concevoir, car qui dit adaptive learning, dit, machine intelligente capable de personnaliser les parcours.
Le programme de recherche de l’Union Européenne, “AI for education”, s’intéresse à l’identification et la qualification automatique des contenus, donc à la question des métadata qu’il y a autour et comment réussir à les enchaîner. Cependant, cela demeure encore très compliqué pour une machine de faire cet enchaînement entre les grains.
Cela signifie également qu’il va falloir passer à une conception granulaire de la formation, ne plus faire un parcours long et redondant mais penser grains pédagogiques autonomes qui traitent de sujets clairement identifiés.
Cela ne signifie pas que l’humain sera demain remplacé par la machine dans l’acte de former. La machine comme souvent ne vient pas remplacer mais remplir une fonction qui n’était, jusqu’à présent pas assurée. L’objet de l’adaptive learning est de permettre une individualisation des parcours automatisée pour un grand nombre d’apprenants en même temps. Ce besoin n’est pour l’instant tout simplement pas rempli. Pas de “Terminator” de la formation donc.
Il n’y a donc pas, à proprement parler, de tendances pour 2019. Heureusement la formation ne varie pas au rythme des saisons et de la mode. Il existe par contre des tendances de fond qui vont se développer sur le long et moyen terme et modifier nos métiers en profondeur.